Si la monnaie satirique a connu une période faste sous Napoléon III, elle existait depuis longtemps et elle aura encore beaucoup à s'exprimer. La critique et la dérision sont une particularité bien Française, à la fin du 19 siècle, un journal républicain et anti-clérical " La Lanterne " paru en 1868 sera, selon son créateur, " destiné à éclairer les honnêtes gens ". Vive critique de l'actualité politique, il devra très vite exiler ses ateliers en Belgique, pour éviter la répression du pouvoir. Vingt sept numéros paraîtront jusqu'en 1869. Lui aussi aura laissé une empreinte satirique que les graveurs sauront exploiter.
Bien plus loin dans le temps, on rencontrait à Rome, au IVè siècle des jetons dits :
" contorniates ", qui représentaient sur l'avers le portrait de l'empereur, et sur le revers une propagande anti-chrétienne, émis probablement dans des ateliers tenus secrets, et interdits, parce que nous sommes à l'époque de Constantin et des premiers empereurs chrétiens.
A l'étranger : l' Italie n'échappera pas au couperet de la satire, plusieurs monnaies de
Victor-Emmanuel subiront les outrages des Garibaldiens. PIE IX bien que victime de la spoliation d'état, aura droit à une satire monétaire abondante, et on trouvera les tractations d' Umberto 1er et de Léon XIII critiquables, donc satirisables…L' Angleterre ne sera pas tendre avec la reine Victoria !
Lors de la seconde guerre mondiale, l'Allemagne fera paraître deux superbes médailles satiriques représentant, tête-bêche, les portraits des quatre alliés ennemis : La France, La Belgique, L'Angleterre et la Russie.
La religion elle aussi a de tout temps exacerbé la critique et la satire. De nombreuses médailles anti-papales ont été gravées dans la première moitié de 16è siècle, aux Pays-Bas, en Allemagne et en Angleterre, au moment de la réforme, et de la constitution d'un parti politique protestant. Le Pape et le diable seront associés tête-bêche sur la même face d'une médaille.
En France on retrouvera au 17è siècle une médaille satirique de Richelieu, puis de Louis XIV au moment de la révocation de l'édit de Nantes.
Napoléon premier se verra affligé d'une gravure de 1815 qui lui fait dire :
- "Heureux aventurier, par la ruse et l'audace,
- Je parvins à m'asseoir à la première place.
- De mon ambition, les furieux excès
- En me perdant ont fait le malheur des Français."
Quant à Louis XVI, il fut affublé d'une corne frontale, sur une série de louis d'or, qui auraient été fabriqués à la demande du cardinal de Rohan.
Que dire des monnaies satyriques (notez le Y ), elles ont une connotation érotique, voire pornographique. Bien que souvent dirigées contre le pouvoir en place, elles peuvent être amusantes et parfois outrancières, mais c'est un autre sujet de collection.
La collection des monnaies satiriques est très riche dans sa variété et dans ses découvertes. Si jetons et médailles sont sans doute tous répertoriés ( ?), chaque monnaie regravée manuellement est unique, bien que l’on retrouve des séries, regravées à l’identique...
...et heureusement, de nombreuses trouvailles restent à faire.